A Micheline Lewkowicz (1934-2019)

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Micheline, été 2012 à Soissons.

Chère Micheline,

Tu es partie cette nuit, sans douleur, au cœur de ton dernier sommeil. A pas feutrés, sans faire de bruit, comme le font les gens humbles et dignes, comme tu l’as toujours été. Mon chagrin coule auprès des tiens qui t’ont accompagnée tout au long de ta vie et jusqu’au bout de ta maladie. A ta sœur Clairette dont le dévouement mériterait un panthéon, à ton frère Nathan dont la fraternité passe toujours avant sa propre personne, à tes nièces qui t’ont enlacée comme une seconde mère, à ta maman de substitution, ta sœur aînée Germaine, qui vous avait quittés en 2013 pour rejoindre tes parents arrachés à votre enfance une nuit de juillet 1942 à Soissons.

Famille Lewkowicz

Micheline, en bas à gauche, avec ses parents, deux de ses sœurs (Clairette et Claudine) et frère son Nathan, juillet 1941 à Soissons.

Micheline, notre amitié est si jeune, elle a 7 ans, et je suis aujourd’hui orphelin de cette vertu précieuse que tu m’as offerte dès notre première rencontre en 2012. Tant de souvenirs des moments partagés remontent aussi vite que mes sanglots à la surface de ma mémoire. Notre première rencontre dans mon CDI en juin 2012, entouré de quatre de mes élèves d’alors, volontaires pour m’accompagner dans mes premières recherches sur l’histoire de ta famille avant, pendant et après la Shoah. Nos innombrables tasses de café partagées où jamais tu ne te plaignais des caprices de ta santé, où tu glissais, entre deux gorgées, des traits d’humour qui n’appartenaient qu’à toi. Ce soir-là, où dans un café de Cracovie, je t’ai joué un morceau de piano. Ce noble instrument que tu chérissais tant quand tes mains plus jeunes pouvaient danser allègrement sur les huit octaves. Et cette inoubliable journée du 25 février 2013… Tu avais souhaité avec ta sœur Clairette nous accompagner courageusement pour vous recueillir avec mes élèves, après un long voyage, aux endroits précis où émirent leur dernier souffle de vie, ton papa le 13 août 1942 et ta maman le 2 septembre 1942, respectivement à Auschwitz et à Birkenau. Je t’entends encore dans le car qui nous emmenait vers cette terre de malheurs, me chuchoter à l’oreille en levant les yeux vers le ciel : Là-haut cela fait tellement longtemps que nos parents nous attendent…

Je ne t’oublierai jamais Micheline et j’ai l’intime conviction que dans cinquante ans et plus encore, les élèves qui t’ont rencontrée ou qui connaissent désormais ton histoire, réciteront encore le nom des tiens.

A propos Stéphane Amélineau

Professeur documentaliste : Lycée ITG Val-de-Beauté à Joinville-le-Pont (94 - Val-de-Marne) de 1994 à 2001. Lycée Françoise Cabrini à Noisy-le-Grand (93 - Seine-Saint-Denis) de 2001 à 2007. Lycée de Saint-Rémy à Soissons (02- Aisne) de 2007 à 2018. Collège-Lycée Saint-Joseph à Château-Thierry (02 - Aisne) depuis 2018.
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Un commentaire pour A Micheline Lewkowicz (1934-2019)

  1. LandMaus dit :

    bonjour, je n’ai pas trouvé de rubrique ‘contact’ et vous envoie donc ce message en commentaire, bien qu’il n’ait pas de rapport direct avec l’article. Habitant la Somme, je travaille sur les Juifs de ce département (où vous venez pour des conférences !) – et prépare un texte sur la famille Wajnberg, arrêtée à Rosières-en-Santerre. Je souhaiterais pouvoir échanger avec vous – je préfère ne pas laisser mon adresse mail ici, mais il me semble que vous pouvez me contacter via mes blogs, p.ex. celui-ci : https://somme18.com/2018/01/15/le-plessier-avril-18/
    à bientôt, j’espère – mv (prof d’allemand retraitée)

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