A son épouse, ses enfants, ses petits-enfants, à ses sœurs.

Ma première rencontre avec Jacques Katz, le 26 juin 2012.
Il n’y a pas d’autre richesse que celle d’une rencontre. Il n’y a pas plus grande tristesse que la mort qui nous en prive. La peine m’est tombée du ciel quand j’appris que l’âme croyante de Jacques Katz y montait, soudainement.
Au début des mes travaux de recherches en 2012, ces hommes et ces femmes de Soissons qui survécurent, enfants de la Shoah, avaient tous acceptés au soir de leur vie de s’entretenir une première fois avec moi pour remuer des souvenirs douloureux, pour convoquer la mémoire de leurs proches disparus. L’Histoire et l’Intime se mêlaient, installant entre nous une confiance mutuelle. Dès lors, une amitié sincère au fil du temps qui passe s’est nouée entre eux et moi. Combien de moments de convivialité autour d’un café, d’un repas de famille au-dessus duquel s’échangeaient des discussions passionnantes sur tout un tas de sujet. Le témoin et l’historien n’existaient plus, deux amis se retrouvaient pour le plaisir de passer des moments ensemble. Tous, ces enfants d’hier (Jacques, Micheline, Clairette, Nathan, Viviane, Lisette, Pauline, Ginette, Alain, et tant d’autres), dans la diversité de leurs parcours et de leurs caractères, m’ont accordé cette richesse. Jacques Katz fut le premier. Il fut ma première rencontre, sa confiance en moi nourrissait mon courage pour sonner à d’autres portes afin d’apprendre et transmettre.
C’était un jour de juin 2012, un mardi, chez lui, dans le salon de son pavillon. C’était hier, et je me souviendrais toujours de son regard pétillant qui s’était posé pour la première fois sur moi avant de partager avec lui une première discussion à bâton rompu.
Il avait, dès sa prime enfance, affronté bien plus que ne peut supporter les épaules d’un petit garçon de 4 ans lors de cette terrible journée d’hiver du 4 janvier 1944 à Tergnier dans l’Aisne… Alors que sa maman Rachel se cachait depuis un an avant d’être arrêtée et déportée au camp de Bergen-Belsen, elle revint. Alors que son papa, qu’il ne connaissait à peine, était enfermé dans un stalag allemand depuis 1940, il revint. Alors que sa grand-mère paternelle fut déportée dans le convoi 67, pour disparaître à jamais.
Le fil fragile de la vie put néanmoins élevé Jacques, entouré de ses parents portant le fardeau du traumatisme de l’enfermement ou de la traque parce que nés dans un lit plutôt qu’un autre. Mais toujours ils arrachèrent à l’avenir, la promesse de tenir malgré tout, surtout quand vint l’amour d’une femme et la naissance de trois filles. Et Jacques tint avec les vicissitudes que provoquèrent la grande et la petite histoire de l’après guerre.
Vous êtes parti monsieur Katz, mais je viendrais vous dire au revoir, à Soissons, là où raisonnent encore les larmes de vos proches, là où vous vous reposez sur votre lit d’éternité.
Paix à votre âme monsieur Katz.
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