Il n’y aura jamais assez de kilomètres à parcourir pour faire entendre les voix de ceux qui ont péri pendant la Shoah ; paroxysme d’un assassinat de masse pour une cause raciste sur tout un continent, à une échelle industrielle.
Des élèves et leurs professeurs qui m’invitent dans des rencontres-conférences sur ce sujet ; je n’en finis plus de les compter depuis la sortie de mon livre « La Shoah en Soissonnais » et tous m’accueillent avec une telle gentillesse. Ils ont été des milliers de collégiens depuis cinq ans à m’entendre et me poser des montagnes de questions sur ce drame génocidaire.
Plus rares, ont été les invitations dans des lycées. Et pour clore cette année scolaire 2022/2023, je voudrais remercier particulièrement cet établissement, hors de mon académie d’Amiens, le lycée René Cassin de Gonesse dans le Val-d’Oise.
René Cassin, un nom de notre Mémoire collective dont on ne mesure pas encore assez son humanisme à participer à l’élaboration de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en 1948. Pensez-y, dès les années 1930, il y songeait dans son combat pour la dignité humaine des Juifs, des Musulmans, ou toutes minorités sans voix. Au fait, et peu le savent, il est inhumé au Panthéon ; c’est vous dire !
Alors être invité dans un grand lycée de la banlieue parisienne qui porte ce vénérable nom, justifie à mon sens un article dans ces pages. D’autant plus que la proviseure adjointe, madame Rémy, prit de son temps pour m’accueillir et me faire visiter ce vaste navire en forme d’avion, genre A380, qui scolarise plus de mille lycéens.
Je sillonne ses larges couloirs, son vaste CDI, les salles de classe sur ses ailes, le cockpit de la direction dont m’honore par ses salutations et nos échanges sur le sujet du jour, le commandant de bord, monsieur Leboul. Dans les espaces extérieurs, respire la sensibilisation aux enjeux de l’environnement et développement durable ; ici des ruches, là de jeunes pousses arboricoles aux noms scientifiquement poético-latins. De tout cela ressort une sensation : l’établissement est d’un calme olympien, tout semble bien pensé pour une sérénité à l’étude avec ces capsules de détente et de respirations entre leurs cours pour ces jeunes lycéens à la diversité exemplaire.
Puis, on m’accompagne dans une grande salle demi-circulaire où trônent 70 chaises encore vides. Elles vont accueillir 70 lycéens de terminale de la spécialité HGGSP (Histoire, Géographie, Géopolitique, Science Politique).
C’est ici qu’aura lieu ma conférence-rencontre dont je déclinerai le sujet en fonction de leur programme scolaire : Histoire, Mémoire et Justice.
Après une très rapide installation technique pour vidéo projeter les archives qui vont appuyer mon récit, deux jeunes lycéennes ambassadrices de l’action culturelle de l’établissement m’interviewent avec pertinence pour écrire un article : Dembélé Maïmouna et Mensah Lordia, en 1G1.
14h, les 70 élèves de Terminale arrivent et s’installent. Après une bonne centaine de conférences, je crois pouvoir ressentir leurs dispositions à affronter deux heures d’interaction entre eux et moi. Et là, presque immédiatement, j’ai senti que leurs concentrations étaient bien aiguisées ; leurs rafales de questions le confirmèrent.
Tout se joue dans l’ouverture des premiers mots et je commençais ainsi :
« L’Histoire est du registre de la science, la Mémoire du registre de l’émotion, la Justice du registre de la morale, alors je vais vous raconter pour comprendre tout cela, l’histoire d’une famille, singulière, personnelle, pour comprendre l’Histoire, la Mémoire et la Justice au sens universelle. Je ne vais pas vous faire un cours d’Histoire – vos professeurs sont là pour ça – mais je vais vous conter une histoire parmi six millions d’autres…Et cette Histoire, comment la nommer, puisque l’indicible est souvent souligné quand on l’évoque ? »
Qu’en ressort-il de cette rencontre-conférence ? Je laisse s’exprimer dans leur article nos deux ambassadrices. (cliquez sur l’illustration) :
Je tiens à remercier très sincèrement les professeurs du lycée et leur référente culture qui ont soutenu cette initiative pour cette rencontre sous l’impulsion de leur proviseure adjointe, madame Rémy : Mesdames Tosan et Antoine, et monsieur Tretout.


