En présence d’un ministre délégué d’Israël, du maire de Soissons et du comité Yad Vashem, deux de mes élèves sont venus m’accompagner pour rendre hommage à Jacques Bouldoire, sauveur soissonnais d’enfants juifs.
Que de chemins parcourus et de mémoires retrouvées depuis notre première rencontre en juin 2012 avec Micheline et Clairette Lewkowicz, enfants juifs de Soissons pendant les années noires de l’occupation. Ils étaient six enfants, de 2 à 19 ans, cachés et sauvés par Jacques Bouldoire alors que leurs parents étaient déportés à Auschwitz pour un voyage sans retour pendant l’été 1942.
70 ans après et après trois années de recherches historiques avec les élèves du projet Soissons-Auschwitz (2012-2013) nous avons pu étayer, plus que nécessaire, ce que les souvenirs de la famille Lewkowicz avaient pu retenir. D’archives en témoignages récoltés dans toute la France et en Pologne, il y avait largement de quoi convaincre le Yad Vashem de Jérusalem pour inscrire le nom de Jacques Bouldoire dans l’allée des Justes. La plupart de ces documents avaient été confiés à monsieur Bernard Lefranc, ancien député maire de Soissons entre 1977 et 1995. Il se chargeait lui-même, début 2013, de transmettre ce dossier en Israël. Pensant ce temps-là, en février 2013, Micheline, Clairette et quelques descendants de la famille Lewkowicz-Bouldoire eurent le courage de nous accompagner au camp d’Auschwitz en Pologne. Entourés des 36 lycéens volontaires, elles purent se recueillir autour des fosses où les nazis brûlèrent les corps de centaines de milliers d’innocents et où périrent leur maman et leur papa.Nous n’oublierons jamais ce moment unique de deuil, de recueillement sous le ciel gris d’Auschwitz et ce petit rayon de soleil qui éclaira nos visages.
En septembre 2014, madame Viviane Saül, responsable du comité français du Yad Vashem, m’informe que Jacques
Bouldoire a été officiellement reconnu Juste parmi les Nations et qu’une cérémonie se déroulera à l’hôtel de ville le 26
octobre 2014. Elle me charge d’écrire un résumé de l’histoire de ce sauveur et de le faire lire, ainsi qu’un poème, par deux
élèves. Du groupe de lycéens de 2012-2013, seuls deux sont encore scolarisés à Saint-Rémy, en classe de Prépa sanitaire et social. Claire Noyon et Marie- Charlotte Delaitre acceptèrent sans hésiter de lire ces textes devant un large auditoire.
Qu’elles en soient vivement remerciées.