A Hélène de Gunzbourg, pour sa contribution

Marguerite de Gramont – date et lieu inconnus [Fonds privé – famille de Gunzbourg].
A la croisée des fouilles archivistiques
Tout le monde connaît la Reine Margot (1553-1615), mais si peu ont entendu parler de la comtesse Margot (1920-1998). Si l’une fait la couverture d’un célèbre roman, l’autre devrait être au frontispice du Panthéon. Son nom s’était révélé à moi dans une lettre reçue d’Israël en 2013. La noblesse de son nom était liée à l’itinéraire d’un homme juif habitant à Soissons, avant et pendant la guerre. Ce dernier s’était installé en 1935 avec sa femme et leurs deux enfants, 7 rue des cordeliers, dans un immeuble aujourd’hui délabré. L’auteure de cette lettre était la fille de cette famille sur laquelle j’enquêtais lors de mes travaux de recherche sur la persécution des juifs de la ville du Vase. Lisette, née en 1936 à Soissons, vit aujourd’hui à Ramat-Gan.
Elle et lui, l’aristocrate catholique et l’ouvrier juif, avaient un ennemi commun : les nazis et leurs collaborateurs. Entre 1942 et 1944, de Paris à Madrid, de Pau à Bilbao, de Barcelone à Alger, ils se sont battus de toute leur fougue, de toute leur rage, l’une pour l’amour de la liberté, l’autre pour la survie. Lui, était peintre en bâtiment et soutien de sa femme styliste. A 40 ans en 43, il avait déjà souffert de mille maux pour autant de persécutions. Il s’appelait Jacques Ehrenkranz. Elle, était comtesse, issue d’une des plus anciennes familles de la noblesse française. Elle était jeune (20 ans en 40), belle et rebelle. Elle s’appelait Marguerite de Gramont alias Margot. Tout les opposait mais les circonstances les ont fait se rencontrer pour rejoindre des réseaux d’évasion et d’espionnage en Espagne. Ils ont marché ensemble, frôlé et bravé la mort autant de fois qu’il y eut de jours entre 1942 et 1944.
Margot, si jeune, a su dompter les hommes les plus endurcis. Margot, si belle, a bouleversé ceux qui l’ont aimée. Margot si brillante et silencieuse sur ses faits d’armes. Margot, une héroïne si mystérieuse à mes yeux qu’il était temps pour moi de lever le voile pour mieux raconter son histoire après avoir exhumé des archives et contacté de rares personnes qui l’ont connue.
Sous une bonne étoile
Marguerite est née le 15 janvier 1920 à Paris, issue d’une longue lignée aux nobles armoiries dont le duché-pairie de Gramont se situe dans l’actuel département des Pyrénées-Atlantiques, autour du village de Bidache (à une trentaine de kilomètres à l’est de Bayonne). Son grand-père était Antoine XI Alfred Agénor de Gramont (1851-1925), duc de Guiche puis 11e duc de Gramont en 1880. Il eut trois enfants après un second mariage avec Marguerite de Rothschild (1855-1905), de la branche de Francfort. Le plus jeune d’entre eux, Louis-René, comte de Gramont (1883-1963), épousa à Paris en 1916 Antoinette de Rochechouart-Mortemart (1893-1972). Trois garçons naquirent de ce mariage : Philippe, né en 1917, décédé à 23 ans dans les combats des Ardennes le 11 juin 1940, Charles, et François le plus jeune qui un jour décida de ne plus vivre ; et une seule fille : Marguerite.
« Dès l’enfance, raconte après la guerre un ami[1] très proche, Margot voyait loin et voyait grand « Un jour, disait-elle, je sauverai la France ». On sait depuis le 18 juin 1940 que ce rêve héroïque peut habiter d’autres esprits que l’imagination fantasque d’une petite fille née sous une bonne étoile. Elle éprouva son premier chagrin lorsqu’elle apprit la mort de Jean Mermoz[2]. »
Comme toutes les filles de bonne famille, elle est instruite dans les écoles d’Europe occidentale les plus prestigieuses, à Rome, à Cambridge, au Royal High School of Drawning. Elle obtient plusieurs titres universitaires dans le domaine artistique. Fin 1937 elle rentre en France, polyglotte (anglais, surtout, et un peu d’italien et d’espagnol). Elle continue aussi à exercer ses activités sportives préférées : natation, cheval, vélo, golf, patinage et passe son permis de conduire en mars 1938 avec l’espoir, un jour, de devenir aviatrice. Elle a 18 ans, un regard mutin aux yeux bleus comme miroir d’un esprit vif. Silhouette élancée d’1 m 76, riche de beauté comme l’éclat de Velléda[3]. Des cheveux châtains clairs longs coiffés à la mode de l’époque révèlent une cicatrice en haut du visage.
Deux ans plus tard, du très confortable appartement familial au 8 avenue Marceau à Paris il n’y a qu’à lever les yeux pour voir flotter au sommet de la tour Eiffel le drapeau frappé d’un svastika. La jeune aristocrate de 20 ans entend résonner l’armée Allemande défilant au pas de l’oie sur les Champs-Elysées le 14 juin 1940. D’assourdissante la première année, l’occupation devient insupportable à ses convictions humanistes et ses ardeurs combattantes. Dans un élan de solidarité suscité par la guerre, à l’instar des jeunes femmes de la haute société, Marguerite s’engage dans la Croix Rouge française. Elle souhaite devenir ambulancière. Elle suit plusieurs stages et passe des examens (mécanique, conduite, topographie, brancardage) en février et mars 1942. Peu docile, intransigeante, elle donne du fil à retordre aux formateurs de l’organisation créée par Henry Dunant. A propos de sa conduite morale, il est noté dans son dossier : Assez fantaisiste, enfant gâtée. Pas de discipline. Bonne camarade, si le chef sait si prendre, peut être un très bon élément. Elle est reçue et engagée à durée illimitée dans la Croix Rouge française comme conductrice dans le service auxiliaire le 1er avril 1942.
Premier défilé pyrénéen
Peu de temps après, une maladie grave[4] l’oblige à une convalescence de septembre à octobre 1942 dans une région nouvelle pour elle, mais décisive pour son futur parcours : les Basses-Pyrénées (aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques) ! Ce département du Pays basque, avec sa zone côtière interdite, est coupé en deux entre la zone occupée et la zone « nono » (non occupée). La ligne de Démarcation traverse le département sur 150 km de Sault-de-Navailles au nord à Arnéguy sur la frontière espagnole en passant par Orthez, Sauveterre, Saint-Jean-Pied-de-Port.
Margot, simple et joviale, noue facilement des amitiés avec des paysans, des commerçants. C’est ainsi que le maire d’un village des alentours de Saint-Jean-Pied-de-Port[5] lui procure des laissez-passer spéciaux pour circuler en zone interdite près de la côte. Profitant de sa cure, elle arrive à sillonner la région et étudie la géographie, sans but précis. La maladie n’a pas altéré son profond sentiment de révolte contre l’ordre nouveau nazi et la collaboration du gouvernement de Vichy. Rétablie, la jeune comtesse remonte à Paris où elle reprend le cours de sa vie. Ses études et ses activités sociales lui permettent de côtoyer le milieu étudiant et ouvrier. Sa détermination et son désir de « sauver la France » sont toujours aussi vifs. Très vite un événement majeur, le débarquement des Alliés en Afrique du nord le 8 novembre 1942, va la conforter dans cette voix. Parmi ses fréquentations, le débarquement au Maghreb suscite de nombreuses réactions. Certains veulent prendre les armes et tenter de rejoindre les Forces Françaises Combattantes du général de Gaulle via l’Espagne. L’échec de trois de ces hommes qui ont tenté le passage va encourager Margot à utiliser sa connaissance de la région frontalière et ses contacts. Elle décide de retourner dans le sud-ouest. Le fait d’être une jeune femme permet de passer plus inaperçue en zone côtière et sa carte d’identité obtenue pendant sa convalescence lui permet de franchir plus facilement les contrôles.
« Je pars fin novembre dans la région Basque où je contacte différents contrebandiers. A Madrid je vois qu’il n’y a ni aide ni renseignements très précieux sur les besoins de l’armée. Je reviens en décidant d’organiser moi-même une filière »[6], témoigne-t-elle dans les grandes lignes. Mais lors d’une invitation du Père Paul à faire le récit de son histoire devant des jeunes dès décembre 1944 au tristement célèbre collège des Pères Carmes d’Avon[7], Margot fut plus précise. Ecoutons-la, elle n’avait pas 25 ans quand elle se présenta devant ces élèves :
« Et voici mon premier voyage… Je pensais qu’il n’y en aurait que deux : l’aller et le retour. En fait, j’ai fait la traversée une quinzaine de fois. Je pars à l’aventure fin novembre 1942 ; sans plan très fixe, avec quelques vagues idées, quelques adresses, des souliers cloutés et une brosse à dents. A Bayonne, je fais la tournée des connaissances que je m’étais faite deux mois auparavant. Par elles j’ai d’autres adresses et, de fil en aiguille, j’ai fini par connaître quelques bons contrebandiers à la Ramuntcho[8]. Je fais mon choix en vertu de la brièveté du chemin, car je n’étais pas encore très solide sur mes jambes. Le chemin dont me parlait le contrebandier choisi ne devait comporter que deux heures de marche et me mener dans une maison confortable en Espagne, où l’on était déjà prévenu de mon arrivée… soi-disant. Là, je n’avais qu’à prendre le tramway qui me mènerait en un quart d’heure à St-Sébastien. A St-Sébastien je devais être à l’abri, car j’avais l’adresse d’une dame qui pouvait m’héberger et il y avait un consulat anglais où je pensais trouver tous les renseignements que je cherchais et, éventuellement, une aide et un conseil. Tout cela semblait presque facile. En fait, ce s’est passé autrement.
« Nous partons à sept heures du soir, un des contrebandiers que j’avais surnommé St Christophe, et moi. Nous prenons un petit tortillard pendant une demi-heure. Nous sommes en rase campagne. Nous dînons rapidement dans une ferme, à huit heures, je mets mes souliers ferrés, j’attache les autres autour du cou, et je pars, résignée à marcher, chose que j’ai toujours détestée. Mais les deux heures prévues passent, et St Christophe marche toujours. Onze heures, minuit, une heure du matin. Il ne faut pas parler, il ne faut pas fumer, il ne faut pas s’arrêter, sauf aux passages de routes où l’on se tapit dans les fourrés, car il y a parfois des patrouilles allemandes. Mais on les entend en général de loin, et je suis si fatiguée que je ne pourrais pas les craindre. On marche encore, encore. C’est mécanique : on ne sait plus si on dort, si on est vivant, si on a mal, pourquoi on le fait. Il ne subsiste qu’une idée : pas question de reculer, il faut arriver coûte que coûte. St Christophe, que j’interroge dans un chuchotement, me dit qu’on arrive bientôt ; il me glisse cela deux ou trois fois, à plusieurs heures d’intervalle.
« Que croire ? Nous continuons. Vers six heures du matin nous arrivons à un ruisseau. Le contrebandier enlève ses souliers pour le traverser, moi pas, car je n’aurais pas pu les remettre. Après la traversée, une vingtaine de mètres plus loin, il me dit qu’on est tout près de la fameuse maison où je devais être accueillie à bras ouverts. Il me dit aussi qu’il a oublié ses souliers au bord du ruisseau, qu’il devait retourner les chercher. A ce moment-là je me suis bien doutée qu’il voulait m’abandonner ; mais, ne pouvant pas me cramponner à ses basques, je l’ai laissé partir en lui disant que je restais là à l’attendre. Un quart d’heure après, il n’était toujours pas de retour. Je n’avais plus qu’une seule solution : c’était trouver mon chemin seul.
« J’avance donc, et au bout d’une cinquantaine de mètres j’aperçois une maison. Le jour se levait, mais on ne voyait presque rien, car c’était dans les bois. Je frappe à la porte. Rien. Au volet. Rien. Je jette des pierres. Au bout d’un long moment une lucarne s’ouvre, une tête se montre et crie en allemand : « qui va là ? » « Werda ». Catastrophe, ce devait être le poste allemand… J’étais bien tombée ! Mais au point où j’en étais, il n’était pas question de fuir : les Allemands devaient être munis de lampes électriques, de fusils, de chiens, de plus ils connaissaient le pays. Tandis que moi… et puis je ne tenais plus sur mes jambes que par miracle. Au moins je pourrais dormir, même en prison. La tête ayant disparu, je frappe à nouveau, j’appelle. La tête, accompagnée d’un corps, réapparaît au rez-de-chaussée et m’interroge dans un mélange incompréhensible d’espagnol, d’allemand et de français. C’était un paysan basque. Tout n’était pas perdu. Je reprends du poil de la bête. Mais nous avons du mal à soutenir une conversation. Il ne veut pas me laisser entrer. La porte donne sur une étable et, ayant une demi-tête de plus que lui, cela me donne du courage. Je le pousse, j’entre et je ferme la porte. Il veut commencer un long discours. Je lui coupe la parole et lui fais comprendre que la terre pourrait crouler, mais que rien ne m’empêcherait de dormir, dans l’étable au besoin. A mon réveil on décidera.
« Résigné et maugréant, il me mène dans une salle avec une grande cheminée où sa femme, hirsute mais complaisante, met une grande bassine d’eau à chauffer. Quand c’est brûlant, elle y jette une poignée de gros sel et me fait signe d’y tremper les pieds. Jusqu’au-delà des genoux mes pieds étaient en sang. Je vous assure que l’eau chaude salée provoque une réaction. Sur le moment je n’ai pas apprécié, mais plus tard, à d’autres traversées, j’ai noté la différence quand je ne prenais pas mon petit bain de pieds. Après cela un bol de lait chaud et ensuite j’ai dormi jusqu’à quatre ou cinq heure de l’après-midi. Je me suis réveillée dans un flot de puces qui me dévoraient méthodiquement de la tête aux pieds. Sur ces entrefaites le paysan vient discuter avec moi.
« En résumé, il ne veut pas me garder chez lui car les postes de douaniers espagnols et allemands sont à proximité ; il me répète tout le temps : « Allemands couper le cou ». D’autre part, je me trouve à plus de soixante kilomètres de Saint-Sébastien. Où est le quart d’heure de tramway ? Mais je suis trop loin pour reculer. Moyennant pourparlers – et surtout finances – j’obtiens le logement chez lui pour trois jours, en même temps qu’une nourriture à engraisser les pourceaux et la compagnie intarissable d’une colonie de puces. Pendant ces trois jours, je lui demande de me procurer, d’une façon ou d’une autre, soit un guide pour me mener à pied, de nuit, soit voiture ou bicyclette pour atteindre Saint-Sébastien. C’était un vendredi et, en Espagne, les voitures n’ont pas le droit de circuler du samedi matin au lundi.
« Ces trois jours m’ont paru longs. Je ne pouvais pas quitter mon lit de puces, car ma chambre avait un plancher disjoint et elle était au-dessus de la salle commune avec la grande cheminée. Les gens, principalement les Allemands et les carabiniers de la police frontalière espagnole, y entraient et sortaient assez souvent. Un soir, les douaniers allemands sont venus dans le but de fouiller la maison car ils recherchaient trois français qui s’étaient échappés. Le paysan a donné à boire aux Allemands ; je pouvais les apercevoir à travers les fentes du plancher ; ils trinquaient tous ensemble. Pendant une heure je me suis dit : « ils monteront, ils ne monteront pas ! …Ils montreront !… Ils ne sont pas montés ; car à force de trinquer le temps avait passé ; c’était l’heure de la ronde dans les bois. Mais par la fenêtre j’ai vu arrêter les trois français ; ils avaient eu moins de chance que moi.
« Le lundi à six heures du matin, tout d’un coup, tout s’arrange. Une voiture, de faux-papiers… tout cela coûte une fortune mais me permet d’atteindre Saint-Sébastien avant dix heures. Là je trouve un asile, mais aucune indication précise. Je décide d’aller à Madrid. Cinq cents kilomètres. Les trains sont contrôlés au départ par la police. Il me faut des permis spéciaux. J’emprunte la carte d’identité de la cuisinière. Je pars avec un bandage autour de la tête car je suis supposée être espagnole, et il est préférable que je sois malade pour ne pas être obligée de parler. En effet, la police contrôle mes papiers et, voyant ma tête dolente, n’insiste pas. J’arrive le lendemain matin à Madrid. Vraiment soulagée qu’une fois sortie de la gare. C’est incroyable le nombre de policiers qui peut exister dans ce pays ! C’était ma première étape accomplie. »
Arrivée dans la capitale espagnole fin novembre, début décembre 1942, Margot se met en quête de contacts auprès des ambassades françaises, anglaises et américaines. Le représentant officieux de l’armée dissidente française, le colonel Pierre Malaise[9], alors officiellement en poste à l’ambassade de Vichy à Madrid, lui dresse le profil des hommes dont ils ont besoin pour constituer les forces combattantes de l’autre côté de la Méditerranée : des spécialistes, des pilotes, des mécaniciens d’avions, etc. Par contre, pour les faire passer la frontière espagnole et contacter un réseau d’évasion, on ne lui délivre aucune indication. Avant de repartir de ce rendez-vous, elle laisse une adresse pour être jointe à Paris. On la redépose à Saint-Sébastien. L’infatigable jeune comtesse recherche des contrebandiers pour franchir la frontière dans l’autre sens. Tout se passe mieux qu’à l’aller. Fin décembre 1942, après une nuit de marche sous la pluie, elle arrive à atteindre la gare de Saint-Jean-de-Luz. Dans l’esprit de Margot germe l’évidente conclusion qu’elle doit créer sa propre filière d’évasion.
« – Puisque j’ai fait le voyage aller et retour, songe-t-elle, d’autres peuvent faire le voyage aller simple, surtout si on organise des relais pour eux. »
Réseau Margot
De retour en France en ce début d’année 1943, Margot est sollicitée par de nombreux amis ouvriers et étudiants pour rejoindre l’Espagne. Forte de ses nombreux contacts pris lors de son premier voyage entre Paris et Madrid, elle commence par faire faire de faux papiers à partir des siens. En quelques semaines, happée par cet engrenage, la jeune comtesse dessine l’organisation de sa filière. Elle s’articule en trois phases successives :
1° – Margot réunit deux ou trois personnes compétentes pour trier les hommes sur place, à Paris, en fonction de leurs spécialités (aviateurs, mécaniciens, etc.) ou de leurs situations (Juifs, évadés, soldats alliés parachutés, réfractaires du STO, etc.).
2° – Margot vérifie les relais ou les boites à lettres pour les transmissions tout au long du parcours d’évasion.
3° – Margot trouve des moyens de locomotions, de fausses identités, de logements, des passeurs fiables (mais pas toujours) pour l’Espagne.
Chaque cas est un cas particulier qu’il faut convoyer individuellement ou en groupe. Il faut tout surveiller, vérifier, s’adapter aux nouveaux problèmes et aux risques omniprésents. Heureusement, elle écoute les conseils de deux grandes figures de la résistance basque : Catherine « Kattalin » Aguirre[10] et son fidèle passeur, Florentino Goïkoetxea[11]. Margot les avait rencontrés pour la première fois lors de sa traversée des Pyrénées en novembre 42.[12]
« – J’avais pris une responsabilité, je n’avais pas le droit d’abandonner », confesse la jeune comtesse de 23 ans. Margot finance et accompagne des dizaines de fois les candidats choisis pour partir de Paris vers l’Espagne. En mars 1943, elle facilite, par exemple, l’évasion du futur chef du réseau Kummel, Patrick Hovelacque, rattaché quelques temps au BCRA[13] de Londres avant que ce dernier rejoigne l’Angleterre via Lisbonne. A la même période, se déroulent les circonstances nouant les liens entre la comtesse et le futur chef du réseau Nana, Emile Meyran. Elle est alors, pour beaucoup, la convoyeuse désintéressée qui engendrera d’autres réseaux de passages et de renseignements pour les Alliés et la Résistance.
Suivons donc Emile Meyran, 33 ans. Il est ingénieur à la compagnie française de raffinage (pétrole) à Paris. Officier à la 611e compagnie du PMA (Parc Munitions Artillerie), il a été démobilisé en août 40. Dès lors, il tente en vain de rentrer dans un organisme de Résistance constitué et décide de s’engager dans les FFL en Afrique du Nord. Jules Mény[14], directeur de la compagnie Française des pétroles (futur Total), lui présente Marguerite de Gramont. Le 13 avril 1943, l’ingénieur quitte Paris par la ligne Margot. A l’aide de Kattalin et Florentino, il franchit la frontière espagnole entre Saint-Jean-de-Luz et Errentaria avec trois camarades.
« Toujours par la fille du duc de Gramont, souligne-t-il, j’ai été pressenti en Espagne à Madrid par monsieur Jack Pratt de l’ambassade américaine pour créer un service de renseignements en France avec l’accord du colonel Malaise et l’aide de Jean Mazou »[15]. Emile Meyran, alias Milly, n’atteindra pas l’Afrique du nord mais devient chef du Réseau de renseignements Nana, financé et rattaché à l’OSS[16]. Il dirige son réseau qui opère dès juillet 1943 dans une vaste zone entre Bordeaux, Marseille et Madrid, subdivisée en plusieurs secteurs. Le chef du secteur Espagne est Jacques/Jacob Ehrenkranz alias Robert, Jaime ou Jean Montégui. Il avait franchi la frontière espagnole une première fois le 13 octobre 1942. Il espionnait depuis dans le pays basque espagnol pour le BCRA. C’est un farouche ennemi des nazis depuis que sa femme et des membres de sa famille ont été envoyés vers une « destination inconnue » après les rafles de l’été 42. Parce qu’aguerri par les combats au sein du 22e RMVE en juin 40 dans la Somme et son internement dans les stalags jusqu’en octobre 41, il a été repéré. Meyran le recrute en juin 1943. Dans ces mois déterminants pour la création des filières d’évasion et des réseaux de renseignements entre la France pétainiste et l’Espagne franquiste, se sont croisés pour un même combat les chemins de l’ancien peintre en bâtiment et de la jeune comtesse.
L’évacuation
Au printemps 1943, Margot continue ses voyages mais la Gestapo l’a repérée à Paris. Entre deux voyages, elle change de maison chaque nuit pour brouiller les pistes mais cela devient trop dangereux. Fin avril, elle quitte la capitale pour continuer ses activités en Espagne :
« Je me suis fait remplacer, raconte-t-elle, pour le trajet Paris-frontière, par une jeune fille[17] qui s’est malheureusement fait prendre par les Allemands à son premier voyage et envoyer en Allemagne. Personnellement, je continuais à traverser la frontière, mais moins souvent, et j’allais seulement dans le sud de la France. Je ne me suis jamais fait prendre par les boches. »
Par contre, Margot a été arrêtée par la police espagnole. Lors d’une de ses nombreuses traversées des Pyrénées, elle chute à deux reprises, perd ses papiers, se casse une main et pour couronner le tout, le passeur de ce trajet l’abandonne avec les gars qu’elle accompagne du côté espagnol. Des carabiniers les interpellent et les incarcèrent dans un poste de campagne.
« Mais nous réussissons à nous échapper, poursuit-elle, car nous n’étions pas enfermés à clé. J’avais vu où nous étions sur une carte accrochée au mur de la gendarmerie ; je suis partie à pied dans la direction du village voisin. Là je suis entrée à la Poste où j’ai appelé par téléphone des amis. »
Ils en sortent tous sains et saufs mais cette fin heureuse n’atténue en rien la tension perpétuelle subie par la jeune Margot. Accompagner ces garçons, leur donner une chance de combattre ne lui laisse aucun répit. Quand le temps du repos viendra, repassent dans son film intérieur la lâcheté des uns et le courage des autres. Parmi ces derniers, souvent humbles, elle repensera à ces femmes, ces mères de famille qui cachèrent des parachutistes, à ces enfants faisant le guet pour annoncer l’arrivée d’une patrouille allemande. Elle se souviendra d’un passeur qui lui a sauvé la vie lors d’une traversée périlleuse à la nage de la Bidassoa[18], quand, au même endroit, pour une autre traversée, il fut incapable de sauver de la noyade quatre pilotes anglais, emportés avec lui par le courant. Elle revoit aussi ce jeune homme, ayant été pris, se jeter par la fenêtre d’un troisième étage car il ne se sentait plus capable de subir un nouvel interrogatoire et risquer de trahir ses camarades.
Dès octobre 1943, en Espagne, l’étau se resserre. La police espagnole est sur les dents. Plusieurs membres du réseau Nana, dont Jacques Ehrenkranz, ont été arrêtés. Sous la torture, l’agent Bernardo Aracama, mi-novembre 1943, donne d’autres noms. Coïncidence ? On vient arrêter Margot au milieu d’une nuit de novembre à Madrid chez une amie où elle avait séjournée au début de l’automne.
« Je n’étais plus là, témoigne-t-elle, on n’arrête mon amie à ma place mais elle est relâchée trois jours après car elle n’avait rien fait et elle était Espagnole. Entre temps j’avais été prévenue[19], enlevée dans le coffre d’une voiture et amenée à six cents kilomètres de là, à Barcelone. Là, je suis restée une quinzaine de jours, mais obligée de changer quatre fois d’habitation car la police espagnole et la Gestapo ont encore failli mettre la main sur moi. Il valait mieux que je quitte l’Espagne puisque je ne pouvais plus continuer à m’occuper des passages de quoi que ce soit. En vertu de quoi, je pris un sous-marin pour rejoindre Alger à la fin de décembre 1943. J’allai le prendre au large la nuit dans un petit bateau. Il a fallu plus de deux heures pour le localiser avec la radio. L’embarquement s’est très bien effectué en dépit du mal de mer épouvantable que j’avais. Le commandant m’a donné sa cabine et s’est contenté d’un hamac. Le voyage s’est fait presque tout le temps en plongée ce qui est beaucoup plus agréable, car on est en dessous de la houle et on n’a pas l’impression de bouger. Nous avons mis deux jours pour rejoindre Alger car on prenait des détours pour éviter des sous-marins allemands ».
L’orage gronde au-dessus de la mer et amplifie la mauvaise humeur du commandant :
« – C’est la première fois, et c’est la dernière fois que je prends une femme à mon bord, s’adresse-t-il à la jeune comtesse qui veut se faire toute petite.
« – Est-ce que je tiens tant de place ?
« – Non, répond-il brusquement, mais je n’ai que très peu de réserve d’eau, et depuis que vous êtes à bord tous mes hommes veulent se laver ! »
1944-1945
En débarquant à Alger, Margot retrouve quelques hommes avec qui elle avait parcouru tant de sentiers où chaque détour pouvait la faire chuter dans les griffes de l’ennemi. Certains sont engagés dans les nouveaux bataillons de choc qui ont libéré la Corse ou envoyés pour reconquérir l’Italie. Elle croise des aviateurs auxquels elle avait fait franchir la frontière franco-espagnole, en partance pour la Russie dans l’escadrille Normandie-Niemen qui, depuis novembre 1942, se bat aux côtés de l’aviation soviétique. Elle pense aux garçons tués sous les balles de l’ennemi ou à ses amis, comme Jacques Ehrenkranz[20] ou Serge de Gassion[21], incarcérés dans les geôles de Franco à la prison de Larrinaga, à Bilbao.
Peut-on imaginer cette jeune et jolie femme dont la santé fragile est compensée par une volonté hors norme ? Peut-on imaginer marcher dans chacun de ses pas au cours des traversées pyrénéennes ? L’un de ses frères, Charles, décrit en octobre 1943, son passage sous les ordres de sa sœur :
« Pendant les deux premières heures de marche, deux cyclistes vont reconnaître les routes parcourues par les patrouilles ennemies, puis, c’est l’arrivée en pleine montagne après douze kilomètres de marche ; des contrebandiers vous accompagnent dorénavant ; on change de pantalon pour le passages dans la neige et pendant sept heures on ira vers l’ouest. Pendant cette marche forcée, on se demande comment une fille si frêle comme Margot, a pu vaincre les obstacles. Seul l’amour de son pays a pu lui donner le courage. Arrivée en Espagne dans une maison de contrebandiers, quelques heures de repos pour essayer de récupérer. Puis on voit apparaître Margot, toujours avec son sourire moqueur, inspectant les pieds de « ses garçons »[22].
A Alger, le 9 janvier 1944, le Général Giraud mesure le courage de la jeune comtesse pour accompagner, au risque de sa vie, des hommes résolus à se battre. Elle reçoit de ses mains, sa première citation :
Magnifique exemple de la jeune fille française, valeureuse et simple. Ayant organisé une filière entre la France et l’Espagne, a traversé elle-même treize fois la frontière dans des conditions souvent périlleuses et assuré le passage de 150 volontaires ralliant l’Afrique du Nord. Particulièrement recherchée par les autorités allemande n’hésite pas à continuer son travail avec autant de courage que de modestie.
Elle se voit attribuer la Croix de guerre avec palme, première d’une longue série de décorations. Un autre Général, à la tête du Gouvernement Provisoire de la République Française, l’élèvera au grade de chevalier de la Légion d’Honneur en avril 1945. En attendant, fin janvier 1944, Margot de Gramont est envoyée à nouveau en Espagne, mais cette fois-ci à Gibraltar. D’autres missions lui sont confiées.
Dans le sillage de la reconquête de la France et des territoires occupés par les nazis, elle redevient ambulancière. Conductrice détachée au 21e groupe Armée du 12 mai au 30 juin 1945, elle a pour mission l’évacuation des déportés des camps de la mort en Allemagne. Elle est à nouveau remarquée pour son obstination à ramener chez eux ceux qui ont encore un faible souffle de vie.
L’après-guerre sera pour notre héroïne le temps de la liberté et des rencontres mondaines, de l’amour[23] et des drames personnels[24] mais, au cours de sa vie, devant les injustices criantes des hommes, Margot aura toujours la volonté de sauver l’innocence[25].
Sources :
Archives du Service Historique de la Défense – Vincennes. Cotes : GR 17 P 175 (réseau Nana et Emile Meyran) ; GR 16 P 165567 et 28 P 4264148 (Réseau Margot), GR 28 P 4253109 (Catherine Aguirre) ; GR 16 P 207884 (Jacques Ehrenkranz), GR 16 P 165185 (Serge de Gassion).
Archives de la Croix Rouge française. Dossier de Marguerite de Gramont.
Marguerite de Gramont. Baronne Philippe de Gunzbourg. 9 janvier 1920 – 5 février 1998. Officier de la légion d’Honneur. Croix de guerre avec palme. Médaille de la Croix Rouge. Corpus de textes, d’hommages et de témoignages rédigés entre 1944 et 1989, 40 p. Il m’a été confié en copie par madame Hélène de Gunzbourg. Qu’elle en soit chaleureusement remerciée !
Benoit Laulhé Réseaux D’évasion En Pays Basque : Margot, Evasion, Shelbrun, Alsace, Vaudevire http://bpsgm.fr/laulhe-benoit-resistance-au-pays-basque-31-reseaux-devasion-en-pays-basque/
Claude Laharie Résistance dans les Basses-Pyrénées. Réseaux, passages et passeurs. http://bpsgm.fr/resistance-dans-les-basses-pyrenees-reseaux-passages-et-passeurs/
Claude Laharie Les passages vers l’Espagne http://bpsgm.fr/les-passages-vers-lespagne/?doing_wp_cron=1495790928.4255039691925048828125
Notes :
[1] Etienne Burin des Roziers. Dans un texte intitulé Margot, décembre 1989.
[2] Le 7 décembre 1936, lorsque son avion s’est abimé dans l’océan Atlantique.
[3] D’après la princesse de Bibesco (1886-1973, aristocrate et écrivain) dans une lettre rédigée en septembre 1946.
[4] Deux sources divergent sur la cause de cette maladie : son frère Charles évoque une jambe cassée dans un témoignage de 1943 alors qu’une connaissance de la famille, la princesse Bibesco, parle de la tuberculose. Je penche pour la version de la princesse car Margot, dans son récit retranscrit en décembre 1944, parle bien d’une maladie grave.
[5] Probablement à Saint-Jean-le-Vieux à 4 km à l’est, en zone non occupée d’après Laulhé Benoit La Résistance dans les Basses-Pyrénées – Thème 2 : la Résistance au Pays basque – Réseaux d’évasion en Pays Basque : Margot, Evasion, Shelbrun, Alsace, Vaudevire.
[6] Déclaration de Margot du 2 aout 1945. Archives SHD de Vincennes – GR 28 P 4264148.
[7] Collège de Seine-et-Marne, témoin de l’arrestation sur dénonciation de trois jeunes juifs cachés, déportés dans le convoi n° 67 du 3 février 1944 et sujet du film de Louis Malle Au revoir les enfants (1987).
[8] Margot fait référence au roman de Pierre Loti Ramuntcho publié en 1897. Une histoire d’amour et d’aventures avec des contrebandiers basques.
[9] Je renvoie le lecteur à l’article de Benoit Laulhé sur le site BPSGM http://bpsgm.fr/laulhe-benoit-reseaux-passages-passeurs-13-la-base-espagne/
[10] Ibid. http://bpsgm.fr/laulhe-benoit-reseaux-passages-passeurs-12-kattalin-aguirre/
[12] Dossier de Catherine Aguirre, Service historique de la Défense – Vincennes. GR 28 P 4253109.
[13] Bureau Central de Renseignements et d’Action (nom des services secrets de la France Libre à partir de 1942 : Il contribue à la mise en œuvre de toutes les activités clandestines en France, qu’il s’agisse du recueil, de l’analyse et de la diffusion du renseignement, de la liaison avec la Résistance, de l’action subversive, de l’évasion et du contre-espionnage).
[14] Jules Mény, né le 17/09/1890. Arrêté par la Gestapo avec une vingtaine de hauts fonctionnaires, il est déporté le 13 août 1943 de Compiègne vers Plansee, un camp annexe de Dachau. Il est décédé en 1945 lors d’un transfert entre Dachau et Buchenwald, après une tentative d’évasion.
[15] Archives du Service Historique de la Défense – Vincennes, GR 17 P 175.
[16] Office of Strategic Service : services secrets américains qui deviendront en 1945, la CIA.
[17] A ce jour, je n’ai pu l’identifier.
[18] La Bidassoa est un fleuve côtier, frontalier sur une dizaine de kilomètres entre la France et l’Espagne (Wikipédia).
[19] Par le S.R. déclaration de Margot le 2 aout 1945 [SHD de Vincennes – GR 28 P 4264148].
[20] Jacques Ehrenkranz, chef du secteur Espagne du réseau Nana, arrêté par la police à Bilbao le 5 octobre 1943, sera libéré et échangé contre des prisonniers Allemands le 26 mai 1944. Rapatrié en sous-marin vers Alger. Il sera engagé dans les Commandos de France et parachuté derrières lignes allemandes dans les Vosges fin 1944, début 1945. Il survivra à la guerre. Il retrouvera ses deux enfants cachés entre 1942 et 1944 par des amis de Soissons non juifs. Sa femme et des membres de sa famille ne reviendront jamais d’Auschwitz-Birkenau. Après la mort de son fils, emporté par la maladie en 1948, il décide de quitter la France avec sa fille. Il s’installera en Israël en 1950. Il décèdera en 1977.
[21] Serge de Gassion (français né à Port-au-Prince, consul d’Haïti à Séville de 1932 à 1943). Il devient le sous-chef du secteur Espagne du réseau Nana. Arrêté le 15 novembre 1942 à Saint-Sébastien, il sera lui aussi libéré le 30 juin 1944, transféré vers l’Afrique du Nord. Il débarquera à Casablanca le 3 juillet 1944.
[22] Extrait du F.MAIL d’octobre 1943, intitulé : Margot, jeune fille française par le sous-lieutenant Charles de Gramont.
[23] Margot épouse en 1952, Philippe de Gunzbourg (1904-1986) rencontré lors d’une soirée en 1948/49. D’origine juive, figure héroïque de la résistance en Dordogne, père de 4 enfants d’un premier mariage.
[24] Margot et Philippe ne se consoleront jamais de la perte de leur fille Claire, née en 1953 et décédée des suites d’un accident en 1963.
[25] Plongée dans une profonde détresse après la mort de son unique enfant, Margot se voua corps et âmes à secourir des femmes et des enfants pendant la guerre du Vietnam, risquant sa vie pendant et après la chute de Saigon en 1975.
J’ai eu la chance de partir avec Margot le 9Avril 1975 pour son dernier voyage au Vietnam où elle a ouvert un orphelinat pour regrouper les enfants en cours d adoption pour la France et qui avaient eu la chance de ne pas être à bord du Galaxy Américain qui s est abimé près de l’aéroport de Than Son Nut avec l opération babylift,
Les enfants qui n avaient pas eu la chance (18) de rentrer avec moi dans un vol UTA dernier avion français à se poser à Saïgon avant la chute furent évacués vers les USA pour ensuite revenir en France.Margot avait organisé ces départs et il n’y avait plus aucun enfant en cours d adoption pour la France resté à Saïgon.
Quant à Margot elle vécu la chute de Saïgon et rentra en France plusieurs semaines après cet épisode,
J’ai eu la chance de connaître et d apprécier cette femme remarquable et de continuer à la rencontrer après cette aventure.
Bonjour madame Schreiner.
Je vous remercie infiniment pour votre témoignage. Je serais honoré de pouvoir vous contacter et échanger ensemble sur vos souvenirs concernant cette femme extraordinaire que mes travaux sur la Shoah ont croisée. Si vous le souhaitez, vous pouvez m’écrire à l’adresse mail suivante : steph.amelineau@gmail.com
Bien cordialement,
Stéphane Amélineau
Merci pour votre message vous pourrez trouver des renseignements sur Margot au moment de la chute de Saïgon sur internet dans (babylift un itinéraire controversé) Mais certaines choses sur les enfants destinés à la France sont faux car ils étaient pratiquement tous en cours d adoption pour la France ayant été moi même chez les avocats à Saïgon pour chercher leurs dossiers. Cette période a été très douloureuse pour moi se qui ne m’a pas empêchée de voir Margot mais nous n en parlions jamais. C Schreiner